Levée de fonds : 3 erreurs de Débutant

  • mise à jour : 02 juin 2016
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Voilà, vous avez réussi à développer un super concept, plein d’investisseurs sont maintenant à vos pieds. Félicitations !

Cependant prenez garde, tout semble devenir plus complexe quand on réussit ; serait-ce la rançon de la gloire ?  ll est parfois difficile de garder les pieds sur terre.

C’est en visionnant les aventures de Richard Hendricks, personnage emblématique de la série Silicon Valley que je me suis rendue compte de l’énergie à mobiliser en cas de succès, surtout lorsque l’on n’est pas du tout initié aux us et coutumes du monde impitoyable des investisseurs.

L’ingénieux Richard a créé Pied Piper, une société qui propose un algorithme de compression révolutionnaire. Après une présentation de son POC au TechCrunch Disrupt un grand nombre d’investisseurs lui courent après et lui proposent différentes offres plus ou moins alléchantes.

Comment se préparer à ce genre de situation ? Quelles peuvent être les erreurs à éviter lorsqu’on a une pépite entre les mains ?

Demander trop d’argent, ou pas assez

Money, money, money….Mais à quelles fins ?

Il semble important de savoir exactement pourquoi vous souhaitez cette levée de fonds et de combien vous avez réellement besoin.

Pourquoi ?

Que comptez vous faire avec cet argent ? Quelle est votre vision à long terme de votre startup ?  Les raisons peuvent être multiples : faire évoluer votre produit, lui ajouter des fonctionnalités innovantes, attaquer le marché international ou encore recruter des personnes hautement qualifiées, comme par exemple le Cyborg tant désiré par Richard.

Combien ?

L’usage est de calculer un “burn rate” qui permet de savoir au bout de combien de temps vos liquidités seront épuisées suites aux paiements de tous vos frais fixes. Ces frais devront être préalablement liés à l’objectif que vous vous êtes fixé.

C’est un indicateur demandé par les investisseurs, qui veulent se rassurer en sachant de manière précise la durée qu’il va falloir pour que leurs financements comblent les futures dépenses de votre startup.

Si vous n’évaluez pas précisément votre besoin, vous risquez de :

  • lever une quantité insuffisante d’argent, qui ne comblera pas votre burn rate
  • ou l’inverse, obtenir beaucoup trop d’argent

Pourquoi obtenir trop d’argent peut vous être nuisible ?

  1. Votre approche Lean Startup pourra en pâtir sévèrement par manque de buts concrets à atteindre au regard de votre nouvelle situation financière. Ash Maurya l’explique clairement dans son livre Running Lean. Vous êtes, certes, plein aux as mais cela vous amènera à trop vouloir perfectionner, et à ne plus avoir d’objectifs pertinents; objectifs qui auparavant structuraient l’évolution de votre activité.
  2. Vous tendez la main à une future re-valorisation de votre startup. Comme l’explique à Richard la belle Monica, assistante d’un investisseur en Capital Risque : si on vous propose un premier investissement élevé, vous courez le risque que cette première valorisation soit perçue comme surestimée et sera peut-être dévaluée i.e re-valorisée à la baisse aux prochains tours d’investissements.

Choisir le mauvais type de financement au mauvais moment

Concernant les investissements proposés pour le développement de Pied Piper, la série se focalise principalement sur un seul type de financement, ceux du Capital Risque et à un moment où l’adhésion du produit au marché réel n’est pas encore certaine.

En réalité, il existe différents modèles qui sont des alternatives aux solutions bancaires classiques, qui elles n’arrivent toujours pas à prendre de risques sur des projets dont les projections de cash-flows futurs sont compliqués à déterminer ou incertains.

Ces modèles ont chacun leurs avantages et inconvénients, en fonction du stade de développement de votre startup :

  • Stade 1 : Vous avez une idée de projet/produit
  • Stade 2 : Votre avez déposé le statut de votre entreprise. Votre objectif principal à ce stade va être de développer votre produit
  • Stade 3 : Vous commencez à avoir des revenus. Ici vos objectifs vont être de recruter la bonne équipe et commencer à marketer votre produit
  • Stade 4 : C’est la phase d’expansion, vous avez la bonne équipe et des revenus stables. Vous souhaitez conquérir un nouveau marché ou créer une nouvelle ligne de produit
  • Stade 5 : Votre startup n’en est plus une. Vous avez réussi à en faire une entreprise stable et profitable

Il est important de savoir comment votre pouvoir de décision dans la gestion de votre startup peut-être impacté. Voici quelques types de financements utiles aux stades 1, 2 et 3  avec lesquels les futurs associés ne pourront pas s’ingérer dans votre affaire :

Exemples de financements sans ingérence

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Ces financements pourront par la suite être couplés à d’autres financements, qui eux au contraire seront beaucoup plus intrusifs quant à la gestion de votre activité. Ceux-ci sont principalement intéressés par les entreprises en stade 3, 4 et 5 :

Exemples de financement avec ingérence

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Reprenant la même idée, Ash Maurya a identifié 3 grandes phases de l’évolution d’une startup et préconise que la levée de fonds intervienne une fois que votre objectif de croissance correspond à celui des investisseurs.

  1. Problem/Solution Fit : “Mon problème vaut il la peine d’être résolu ?”
  2. Product/Market Fit : “Ai je mis au point un produit qui intéresse les clients ?”
  3. Business Model Fit ? : “Comment accélérer ma croissance ?”

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Schéma 1.5 Le moment idéal pour lever des fonds - chapitre 1 “Les Méta-principes” , La méthode Running Lean - Ash Maurya

Se croire indispensable

Spoiler alert ! ! Au début de la saison 3, Richard se fait renvoyer en tant que CEO de son entreprise. Il se voit proposer un rôle de CTO qu’il a du mal à accepter. Les entrepreneurs se croient souvent indispensables juste parce qu’ils étaient présents aux prémices de leurs startups.

Les investisseurs ou vos associés n’hésiteront pas à vous renvoyer si votre capacité à faire évoluer votre activité est mise en doute, à tord ou à raison. On ne compte plus le nombre d’évictions de ce genre chez les fondateurs et co-fondateurs d’entreprises : Noah Glass (Twitter), le couple Sandy Lerner et Len Bosak (Cisco System), et bien sûr le plus connu Steve Jobs (Apple).

La solution imparable reste le blindage juridique. Essayez d’avoir un coup d’avance et assurez vos arrières en ayant recours systématiquement à toutes formes de pactes d’associés, de contrats écrits, de clauses additionnelles comme par exemple la clause shotgun qui permet de mettre fin à un litige...En particulier dès la phase de création de votre startup.

Une autre solution, un peu moins glorieuse et à utiliser en dernier recours, serait de tenter de faire de la politique pour être bien vu des membres du board. Être proches de ses potentiels futurs bourreaux est une tactique classique; je n’invente rien, c’est écrit dans l’Art de la guerre de Sun Tsu : “Ainsi, une règle essentielle de la stratégie consiste à : se préparer à déjouer une attaque, au lieu d’espérer qu’elle ne se produise pas”. Cela vous permettra d’identifier assez vite leurs positions sur les sujets pour lesquels un désaccord pourrait naître. Cette solution reste risquée car sans contrat écrit, la séduction, le charme et les accords verbaux ne sont faits que pour manipuler les crédules.

Voilà ! J’espère vous avoir donné une vision synthétique des grandes erreurs à éviter pour être un peu plus alerte que Richard. Le tout est de mesurer rationnellement son besoin de financement, d’évaluer les propositions en fonction du stade de développement de votre startup et enfin d’être tout simplement conscient des pratiques du monde Business.

“Chase the vision not the money, the money will end up following you”  - Tony HSIEH, ZAPPOS

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